Cinéma. « Ninah Dowry » du réalisateur camerounais Victor Viyuoh est l’histoire d’une mère qui se bat pour se libérer du joug d’un mari violent.
Depuis la pièce «Trois prétendants, un mari » du dramaturge Guillaume Oyono Mbia, l’épineuse question de la dot n’était pas revenu au-devant de l’actualité. Certaines personnes pensent que ce problème n’a plus d’intérêt en 2015. Mais raisonner ainsi serait oublié que dans de nombreux villages où le temps semble avoir suspendu son vol, les femmes voient leur destin brisé à cause de cette tradition. C’est l’histoire de Ninah, l’héroïne du long métrage « Ninah’Dowry » (La dot d Ninah) de Victor Viyuoh. A 20 ans, le visage marqué par ses dures conditions de vie, Ninah est déjà maman de trois enfants. Elle est mariée à Menfi (Anurin Nwunembou), un homme violent, plus âgé qu’elle et qui considère la femme comme un objet et une machine à sou. Prisonnière de lui, elle a perdu tout contact avec sa famille. Par un heureux hasard, elle apprend la maladie de son père et se rend à son chevet. A la mort de celui-ci, elle refuse de retourner chez son bourreau et ouvre un petit restaurant à Bamenda. Cupidon frappe même à sa porte sous les traits d’un flirt de jeunesse. Mais son mari est vite tenu au courant de sa grossesse et lui donne un ultimatum : regagner le foyer conjugal ou rembourser sa dot. Mais où trouver l’argent quand on gère une gargote ? Elle retourne au foyer. Incapable de supporter la violence, elle s’enfuit à nouveau. Commence alors une chasse à la femme impitoyable.
Un film bouleversant porté par d’excellents acteurs qui ont su offrir au public un jeu rafraichissant et professionnel. Mention spéciale à Seikeh Mbufung remarquable dans son rôle de Ninah. Comme les autres comédiens Mike (Kingsley, Nkwali), Clarice (Christa Eka Assam), l’actrice n’en fait jamais trop. Son jeu est naturel. Tout se passe parfois dans les gestes, le regard. Ecrit et réalisé par Victor Viyuoh, le film est sous-titré en français. Ses qualités techniques sont appréciables avec des plans bien cadrés. Certaines images sont très belles et donne un aperçu du potentiel touristique de la région du Nord-ouest. Projeté dans plusieurs festival internationaux, « Ninah’s dowry » est tiré d’une histoire vrai. Celle d’Evelyne la cousine du réalisateur, une bonne élève arraché à l’école pour un mariage forcé. Pour Victor, Il ne s’agit pas d’un film de propagande mais un plaidoyer en faveur de la condition des femmes.
Elsa Kane
Fiche technique
Durée : 1h35
Date de sortie : 2013
Production : Fintu Flim