Présence remarquée du Cameroun
Inauguration de la statue de Dikongué Pipa, projections des films, organisation d’une journée camerounaise, participation au Mica, la délégation anime diverses activités pour vendre le cinéma camerounais à Ouagadougou.
50 ans de cinéma Africain ça se fête ! Et de la plus belle des manières. La statue en bronze de Dikongué Pipa trône majestueuse sur la place des cinéastes à Ouagadougou au Burkina-Faso. Erigée entre les monuments d’autres légendes du cinéma africain que sont Sembene Ousmane (Sénégal) et Souleymane Cissé (Mali), la statue de Dikongué Pipa a été réalisée grâce à l’engagement de ses confrères camerounais et les populations (via le crowfunding) qui ont tenu à lui rendre un hommage mérité. Notamment le cinéaste Michel Kuate et Marie Christine Whasson, présidente de la maison de production Cordia. Cordia a réussi à rallier des partenaires de poids tels que : le ministère des Arts et de la culture, la Communauté urbaine de Douala (Cud), la mairie de Douala, le Pad, etc. Frizt Ntoné Ntoné, le délégué du gouvernement auprès de la Cud, Lengue Malapa, maire de Daouala1er étaient d’ailleurs parmi les personnalités camerounaises présentent.
La statue de l’Etalon de Yennenga 1976 est donc dévoilée plus de 40 ans après son sacre avec « Muna Muto ». Il aura fallut du temps. Une attente interminable vite oubliée eu égard au contexte de l’inauguration du monument. Dikongué Pipa est acclamé au moment où l’Afrique célèbre un demi-siècle d’images sur grand et petit écran.
« C’est une grande fierté. Celle de voir que l’Afrique (noire surtout) organise un évènement d’une telle envergure depuis des années », apprécie la critique de cinéma Pélagie Ng’Onana. Elle se réjouit de ce que, « Le Fespaco est devenu emblématique dans le domaine du cinéma en Afrique et ailleurs malgré que tout ne soit pas rose ».
Miraculous Weapons
Pour Martial Ebenezer Nguea, critique de cinéma et président de l’Association des journalistes critiques de cinéma(Cinepress) : « Le Fespaco de 1968 à 2019 a fait une belle mue. Il est parti d’un espace de rencontre simple à un carrefour des échanges sur les savoirs d’Afrique au travers de ses images. Le Fespaco se construit progressivement l’image d’un festival qui rende compte des nos univers divers de création, d’échanges au travers des images sur nos sociétés. Il présente les mondes d’Afrique, leurs diasporas et leurs diversités qui ne sont pas toujours comprises par les autres. Il témoigne aussi de ces hauteurs techniques et technologiques que nos cinéastes opèrent, les avancées dans la prise en compte des thématiques permettant d’apporter de la lumière à tous », analyse le journaliste qui se réjouit de la qualité de films camerounais en compétition.
« Cette année, le porte-étendard c’est Jean-Pierre Bekolo avec Miraculous Weapons. C’est un bon film tourné en Afrique du Sud. Il a le mérite de repenser notre être et d’assumer un beau dialogue entre technique et thématique. Puis, on a la légion des documentaires. Deux expérimentés sont à l’assaut des meilleurs prix Jean Marie Teno connu pour son cinéma engagé net fouillé, une belle prose du détail et François Woukaoche que peu de la jeune génération connaissent. Il vit et travaille au Rwanda, c’est aussi un expert de cinéma de point de vue majeur et flippant. Il sait parler à l’âme avec des histoires humaines formidables. Je crois que les camerounais doivent croire en des potentialités de leurs cinéastes », analyse Martial E. Nguea. La jeunesse est aussi au rendez-vous. Avec Benjamin Eyaga, 31 ans. Son court métrage « Mes silences », sur le viol et le silence dans lequel se murent les victimes a été projeté le 26 février 2019 au Ciné Burkina. Le même jour mais à 20h, au ciné Neerwaya, c’est « Pa’ta’kam, un semi-super centenaire au service des pierres », de Laure Kamga qui a été diffusé. Constantin Tchoua, « Au-delà du destin ».
Animations
La délégation camerounaise est très active à Ouagadougou a-t-on appris de sources dignes de foi présentent au Fespaco. Le Cameroun dispose d’un stand au marché international du cinéma à la place des Nations où les Ecrans Noirs de Bassek Ba Kobhio, le délégué général du festival éponyme, les maisons de production, 2 G et Patou Film international présentent leur réalisations aux festivaliers. On y croise plusieurs stars : les comédiens Gérard Essomba, Marie Philomène Nga, des musiciens : Sam Mbendé. Des réalisateurs comme Musing Derrick ont été invités par le Fespaco.
La formation est aussi au rendez-vous : « Je suis à la coordination d’un atelier pratique sur la critique cinématographique avec des critiques de cinéma des divers pays africains. L’atelier est organisé par la Fédération africaine de la critique cinématographique (Facc). Il s’agit de produire un bulletin quotidien sur les films et activités au Fespaco, Les articles seront également mis en ligne sur le site africine.org », dévoile Pélagie Ng’Onana.
Sollicité pour animer des projections Martial E Nguea a aussi un emploi du temps chargé. « La Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (Facc) tiendra son assemblée générale le 02 mars, j’y participerais en tant que membre. Je suis aussi sollicité à animer les projections avec le Cinéma numérique Ambulant. L’association des journalistes critiques de cinéma(Cinepress) dont je suis l’actuel président va essayer de trouver des passerelles de coopération avec d’autres associations. Tout comme, je vais profiter pour sélectionner certains films comptant pour les prochains Rific ».
Elsa Kane Njiale