L'urgence d'une politique ciblée pour la lutte contre la variabilité climatique
L’innovation dans la recherche des financements, la surveillance du secteur industriel, sont quelques reformes à mettre en place pour une adaptation efficiente aux changements climatiques qui sont cœur des enjeux liés à la sécurité alimentaire, à l’emploi jeunes, au développement économique,
Bidima Rahmane est un rescapé de l’immigration clandestine. Après deux tentatives infructueuses de rejoindre l’Europe, il est rentré au Cameroun et se lance dans l’agriculture. A Foumban, dans le département du Noun, région de l’Ouest Cameroun. Très vite, il se fait remarquer par la production des fruits exotiques en cultivant et en commercialisant les fraises. Il fait également la culture expérimentale de la pomme dite de France et des raisins. Il est cité en exemple et des jeunes tentés de prendre la pirogue malgré les drames comme celui de Lampedusa se tournent vers lui pour des conseils pour la réalisation de projets agropastoraux. Bidima Rahmane devient malgré lui un héros porteur d’espoir. Mais un triste jour de novembre 2019, à la suite d’une forte pluie, toute son exploitation est inondée par les eaux de pluies.
5 années de dur labeur, 4,5 millions d’investissements et un hectare de de champ de pastèques furent anéantis en un seul jour. « Je suis désemparé. Je n’ai plus le courage d’aller dans la plantation. Tellement les dégâts sont énormes », nous confiait-il alors, abattu. Bidima Rahmane était ainsi victime des changements climatiques.
Pendant longtemps l’Afrique et le Cameroun en particulier ont regardé la question environnementale et la variabilité climatique comme une lointaine préoccupation. Le changement climatique est une réalité au Cameroun comme l’Onu est une nécessité pour l’avancée du monde moderne. Institution multilatérale, L’Onu est au service de l’humanité tout entière et offre la possibilité d’une certaine égalité des chances entre les peuples.
Les changements climatiques sont au cœur de plusieurs enjeux chers aux Nations Unies. L’Onu œuvre pour la sécurité alimentaire d’environ plus d'1.1 milliards de personnes à travers le monde.Ces efforts, fruit d’actions collectives pour sortir les peuples de la précarité pourraient être réduits à cause du changement climatique. La variabilité climatique menace aussi l’économie du Cameroun dont le PIB dépend fortement de l’activité agricole. Il freine certaines actions de résorption du chômage dans un contexte où l’entrepreneuriat agropastoral est devenu une niche pour une jeunesse camerounaise confrontée au chômage galopant.
A travers ces institutions comme l’Unicef, Onu-Femmes, les Nations-Unies ont accompli des progrès non négligeables en matière de promotion des droits de la femme. Au Cameroun, si beaucoup reste à faire, on assiste au recule de certaines pratiques néfastes comme l’excision. La mise en place de projets contre la pauvreté pour sortir la femme de la précarité. Mais certaines de ces actions pourraient être réduites dans leur efficacité du fait du changement climatique. Au Cameroun, 70% des femmes sont concernées par l’agriculture, les petits commerces, etc. Elles sont les plus vulnérables et démunies face à l’adaptation aux changements climatiques.
La question environnementale n’est pas une préoccupation nouvelle pour l’Onu. En 75 ans, cette question a connu un développement certain et d’autres épreuves y sont apparues. Hier, on ne parlait pas des réfugiés du climat. Aujourd’hui, des jeunes camerounais quittent leurs villages à cause de l’avancée de la mer. Et pourtant la politique de l’Onu en matière de lutte contre les changements climatiques semble la moins offensive au Cameroun. Elle reste le parent pauvre des actions de coopération entre l’Onu et le Cameroun.
Ce que l’Onu doit changer
-La Femme au cœur de l’élaboration des programmes et de la gestion des fonds de lutte
Certains diront qu’il ne s’agit pas d’une réforme majeure. Je ne suis pas d’avis. Car huit ans après la disparition de Wangari Muta Maathai, Prix Nobel de la paix en 2004, quelle place a été donnée à la femme, particulièrement la femme autochtone dans la lutte contre les changements climatiques ?
Elles sont les parties-prenantes incontournables face au combat contre la variabilité climatique. Elles ont souvent une connaissance parfaite de leur environnement et sont des forces de propositions car premières victimes des aléas de la nature. Pour un résultat efficient, l’action de l’Onu doit être ciblée et coordonnée de manière à impacter durablement les populations tant au plan national que local. Encore aujourd’hui, les Fonds de lutte contre les changements climatiques sont encore gérés pour la plupart par les hommes. Or, les femmes sont plus mobiles que les hommes et mettent plus de temps dans un espace. De ce fait, les communautés comptent souvent premièrement sur elles pour la protection de la nature, des ressources naturelles et la recherche des solutions.
-2 Le renforcement de la recherche et la prise en compte des résultats de recherche des scientifiques camerounais.
La lutte contre la pandémie de la Covid-19 a laissé entrevoir la frilosité de l’Oms s’agissant des solutions médicales en provenance de l’Afrique. C’est peu dire qu’il y a un manque de confiance de l’Institution qui doit certes jouer son rôle dans la surveillance des solutions médicales proposées aux populations. L’Onu doit donner la même opportunité de financement pour la recherche en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Dans le contexte actuel, le monde ne peut plus se donner le luxe de passer à côté des solutions innovantes contre les changements climatiques. Les solutions les plus impactantes surtout au plan local sont les plus à encourage.
3-La mise en place d’une stratégie innovante pour la recherche des ressources financières
La lutte contre la variabilité climatique coûte cher. Très cher. Aujourd’hui, l’Onu est confrontée à une baisse drastique de ses ressources financières. D’autres parts, les financements souvent disponibles pour les pays en développement sont très difficiles d’accès. Il faut faire face à des démarches administratives assez lourdes. Par ailleurs si, les pays développés produisent le plus gros pourcentage mondial des émissions de carbone, la notion de compensation des pays en développement premières victimes tarde à être appliquée. Les budgets consacrés aux projets d’adaptation sont faibles.
4-La surveillance de l’industrialisation
On note un bel essor du secteur industriel au Cameroun. Si cela est un gage du développement économique, on ne peut nier les risques sur l’environnement. L’industrialisation des pays en développement est l’une des grandes causes du réchauffement climatique dans le monde. Il serait donc judicieux de mettre en place certains mécanismes pour contrôler les émissions en CO2 du secteur industriel camerounais.
Elsa Kane Njiale