Entrepreneuriat social. Les quatre fondateurs de Kmerpad veulent faciliter l’accès des femmes à ce produit indispensable.
C’est à un sujet encore tabou qu’Olivia Mvondo Boum II, Claude-Marie Biya Djokou, Armand Anaba et le professeur Yap Boum II ont décidé de s’attaquer. Celui de l’accès des femmes aux serviettes hygiéniques. Les quatre jeunes co-fondateurs affirment que le problème est réel.
« Le problème peut paraître surprenant en 2. Mais lorsque vous descendez sur le terrain pour aller à la rencontre des femmes, vous voyez ce n’est pas simple pour tout le monde. Certaines qu’elles vivent en ville ou en milieu rural n’ont pas souvent de l’argent pour s’acheter des serviettes hygiéniques qui coûte entre 600 et 1000 F Cfa par mois », explique Olivia Boum II. « En plus de cela, nous avons constaté que les femmes surtout les adolescentes, ne sont pas assez informées sur la santé sexuelle et particulièrement leur hygiène intime. Ce qui est souvent à l’origine de grossesses précoces », ajoute Liza Ngah Fouda, assistante projet.
Le projet Kmerpad est né de cette volonté de faciliter l’accès des femmes à un produit indispensable et ceci à bas prix. L’initiative s’est concrètement mise en place en 2012 et « Fam » est le nom qui a été donné à la serviette hygiénique lavable. Elle est commercialisée sous forme de kit et emballée avec du plastique respectant les normes en vigueur. Chaque kit contient 3 serviettes, un sachet imperméable, 3 inserts et un guide d’utilisation. « Pour assurer le confort et la sécurité des femmes, nous utilisons du coton doux absorbant et une couche imperméable », décrit Armand Anaba co-fondateur et responsable opérationnel.
Le projet à l’Elysée
Un kit « Fam » coûte 3000 F Cfa et peut être utilisé pendant deux.. Olivia Mvondo Boum II reconnait que ce prix est encore élevé pour leur cœur de cible. « Nous travaillons à la recherche partenaires », dit-elle. L’équipe n’est pas peu fière du chemin parcouru depuis 2012, elle a déjà ses propres bureaux, un atelier de confection équipé de machines industrielles emploi en permanence 5 couturières, un personnel administratif et d’autres travailleurs saisonniers, une quinzaine de personnes.
Le retour qu’ils ont des clientes est aussi positifs affirme l’équipe. La production se chiffre à 500 kits par mois. Malgré tous des difficultés existent au rand duquel, la distribution. « Fam » est pour le moment distribué dans deux pharmacies ; du Lac et Le Chrystalis (Etoa_Meki) à Yaoundé. Le souhait de Kmerpad est d’étendre ses points de distributions et trouver plus de financement pour continuer la sensibiliser et éduquer les jeunes sur les menstruations. Parce que Kmerpad est avant tout une entreprise sociale. « Nous voulons dire aux gens que les menstrues ne sont pas une maladie. C’est un phénomène physiologique normal de la femme », dit Olivia Boum déterminée à mener ce combat. Une action qui a permis à Kmerpad de glaner des lauriers à travers le monde. En décembre 2015, été reçu avec à l’Elysée par François Hollande. Ceci dans le cadre de la remise de prix au luareats du prestigieux programme « La France s’engage au Sud ». La même année, elle remporte le prix Madiba 2015 « Vivre ensemble » et le Prix de l'innovation sociale par la fondation Horyou.
Elsa Kane Njiale