«Transformer la peau de manioc en farine »
Ernest Ewoty Ndjié. A Ebolowa, l’entrepreneur a eu l’ingénieuse idée de transformer ces déchets en farine pâtissière. Plusieurs primés dans des foires, il est à la recherche de financements et appel les camerounais à s’approprier ce produit. Dans l’interview qui suit, il revient sur la genèse de ce magnifique projet.
Depuis quelques temps on vous rencontre dans des foires et des festivals où vous présentez la farine «Ewotson ». De quel type de farine s’agit-il ?
Merci madame pour la tribune que vous m’ouvrez. C’est une farine que j’utilise pour faire des pâtisseries. Notamment des gâteaux et des beignets. Sa particularité est qu’elle est faite à partir des peaux de manioc.
Au Cameroun, la peau de manioc est considérée comme un déchet. Mais vous vous en faites de la farine. D’où est partie l’idée de cette transformation ?
Vous savez, généralement c’est sur les peaux qu’on trouve les meilleurs éléments nutritifs en occurrence : la peau de banane, la peau de banane plantain, la peau d’ananas, etc. Il faut qu’on cesse de dire que la peau est amère. Le manioc a deux types de peaux : la peau du manioc amer et la peau du manioc doux. Il est important de changer les mentalités des camerounais afin qu’ils comprennent que la peau n’est pas destinée à finir dans la poubelle, qu’on peut la consommer. Je suis pâtissier de formation. C’est le seigneur qui m’a donné l’idée de mettre sur pied ce projet. Ça fait 17 mois que j’utilise cette peau et j’ai eu des diplômes pour mon invention. Je pense que ensemble nous vaincrons la famine, la pauvreté et le chômage
Alors comme arrivez-vous à transformer cette peau de manioc si riche en farine ?
Le procède est assez simple. Mais vous m’excuserez de ne pas dévoiler mes secrets de fabrication ici. Comme je l’ai dis plus haut, il y a deux types de peaux de manioc. C’est la peau du manioc doux que j’utilise. Je la fais traiter puisque la membrane légère qui est au dessus de la peau, il faut la jeter. Je récupère la peau blanche et rose ensuite, je la traite par mon procédé.
Comment faites-vous pour avoir de la peau de manioc en quantité ?
Au début de mes activités, je m’approvisionnais chez les femmes qui font du bâtons de manioc. Mais c’est devenu difficile parce qu’elles savent déjà que je transforme cela en farine et elles me demandent de payer. A ces moments là, je n’ai pas le choix j’achète. Comme je n’ai pas les moyens conséquents, il arrive que des connaissances viennent me donner les peaux à la maison. Pour le moment, le travaille se fait de façon artisanale. Je n’ai pas encore d’équipe. Ma femme m’aide beaucoup. Quand je ne suis pas là, c’est elle qui prend le relais.
Malgré cela vous avez fait un effort au niveau de l’emballage qui est assez joli. Quelle aide recevez-vous pour le développement de votre projet ?
Depuis que j’ai commencé à mettre ce projet sur pied, le seul ministère qui m’a aidé c’est le ministère de l’Industrie, des mines et du développement technologique. Le chef de ce département ministériel m’a octroyé une subvention pour pouvoir déposer ma demande de brevet d’invention à l’Oapi. C’est le soutien que j’ai et j’en suis reconnaissant. Je souhaite vraiment avoir plus de soutien pour que le projet prenne corps. Je profite de votre tribune pour tendre la main à l’Etat et aux investisseurs afin qu’ils m’aident à vulgariser la farine « Ewoson ». Il n’y pas encore de retombée. Je suis là pour présenter le projet aux camerounais. Qu’ils adoptent la farine à base de peau de manioc. La vulgarisation de ce projet dépend de l’accueil des consommateurs. Actuellement, je produis 50 Kg ce qui me permet de participer à des expositions. Certainement à la longue, je produirai des tonnes.
Propos recueillis par Elsa Kane Njiale
Propos recueillis par Elsa Kane Njiale