Un atelier organisé par Mozilla Cameroun et Facebook pour combattre ce fléau a rassemblé les journalistes et le grand public le 8 aout à Yaoundé.
« Vous pouvez mettre la vie d'une personne en danger juste avec un tweet », prévient Dorothée Danedjo Fouba, journaliste et Mozilla representatives mentor ce mercredi à l’Esstic. Quelques minutes plus tôt, Laurent Charles Boyomo Assala, directeur de la prestigieuse école ouvrait les travaux de l’atelier sur le « fact-checking », organisé par la branche camerounaise de la fondation Mozilla. C’était en présence d’une délégation de Facebook représentée par Lucas Holzer, Facebook content policy et Aïda Ndiaye, facebook public policy Lead francophone. L’objectif de cette rencontre ouverte aux journalistes, bloggeurs, communicateurs et au grand public, est de sensibiliser sur les dangers que représentent la désinformation, la propagation des propos haineux sur internet pour la cohésion sociale, d’outiller les médias à détecter, signaler et combattre les fausses nouvelles.
En effet, la divulgation des « fake news » a atteint la côte d’alerte sur les réseaux sociaux. « Chaque jour qui passe plusieurs mensonges, fausses nouvelles, informations diffamatoires et propos haineux sont partagés sur les uns et les autres, sur des institutions et structures. Il est temps d'arrêter ça. Et pour le faire, il est important de savoir comment le fake news se crée», a dénoncé Dorothée Danedjo Fouba qui a entretenu l’assistance sur les outils et méthodes pour vaincre l’extrémisme violent dans les médias sociaux.
« Toutes les 60 s dans le monde, il y a 452 000 tweets, 156 millions de mails envoyés, 410000 vidéos regardées. C’est la même vitesse à laquelle se répand un fake news. Alors il faut bien réfléchir avant de poster ou partager une information. Je peux d’ailleurs vous assurer que la plupart des photos publiées sur la crise anglophone n’ont pas été prises au Cameroun. Des moyens de vérifications existent. Pour le journaliste, il faut descendre sur le terrain, multiplier et confronter les sources. On peut identifier un site web, s’interroger sur ses sources, la date de publication de l’article et l’auteur. Pour vérifier une vidéo, il faut déterminer sa source première, sa localisation, sa date et son contexte », conseille la « techwomen » en soulignant qu’il s’agit de principes numériques.
5 millions d’amende
Sur le plan juridique Me Balbine Manga, a précisé qu’il existe des lois pour la protection des internautes. D’après elle, peuvent être punis de 2 à 5 ans de prison ferme et d’une amende de 1 à 5 millions les auteurs de « fake news ». Dans un contexte marqué par l’élection présidentielle du 7 octobre et la crise sociopolitique dans les régions du Nord-ouest et du Sud Ouest, Facebook s’est aussi dit prêt à accompagner le Cameroun et ses 2 millions d'utilisateurs dans lutte contre les fausses nouvelles.
A ce sujet, Lukas Holzer et Aïda Ndiayeont été conviés le 7 août au ministère de la Communication où ils ont eu une séance de travail avec le patron des lieux. Leur mission sera de lutter contre les « fake news » en cette période électorale. « Beaucoup de gens utilisent Facebook pour la déstabilisation sociale. Ce qui est contraire à la déontologie de notre plateforme », a déclaré la chargée des politiques de Facebook en Afrique francophone. Et son collègue de souligner : « Pendant longtemps, notre politique a été de promouvoir la liberté d’expression sans être arbitre. Mais la désinformation crée un réel danger dans le monde. Nous avons de ce fait une nouvelle politique. Lorsqu’une vidéo est signalée parce qu’elle contribue à la violence, à l’apologie de la haine. Nous la supprimons », a révélé Lukas Holzer. « Pour dénoncer, user de l’humour et votre message passera sans susciter la haine », conseille Aïda Ndiaye.
Elsa Kane