Le 13 octobre 2022, l’association «Media et Démocratie » et France au Cameroun ont organisé à Yaoundé, une conférence sur cette thématique. Très courue, elle a connu la participation des élèves du lycée Fustel de Coulanges.
C’est la nouvelle gangrène de l'espace numérique. Impossible de ne pas être confronté aux fake news et son corollaire la désinformation. Maïs qui sont donc les responsables de ce phénomène qui affecte jusqu'à l'économie mondiale? La question était au centre d'une conférence-débat très courue le 13 octobre à l'Institut français du Cameroun à Yaoundé.
Organisée par l'ambassade de France au Cameroun et l’association «Media et Démocratie », la rencontre a réuni Laurent Bigot, directeur de l'Ecole publique de journalisme de Tours, Paul-Joël Kamtchang, secrétaire exécutif d'Adisi-Cameroun et Blaise Pascal Andzongo, d’EdukMédia. Sous la modération d’Olivier Piot, fondateur de « Media et Démocratie », ils ont débattu pendant deux heures sous le thème :Fake news et désinformation: Tous coupables «Des échanges, il est ressorti que les acteurs des fake news ne sont pas seulement ceux qui les fabriquent pour véhiculer leur propagande ou rallier l'opinion publique à leur cause.
Les internautes, les journalistes sont également au cœur de la prolifération de ce phénomène à travers la publication, le partage, les commentaires de ces informations fabriquées de toutes pièces pour nuire, détourner l’attention et même humilier. Maître de conférences en science de l’information et de la communication et auteur de plusieurs livres sur le fake-news, Laurent Bigot a particulièrement insisté sur la responsabilité des médias face au phénomène. Selon lui, la course au scoop ne doit pas éloigner le journaliste des bonnes pratiques en matière de traitement de l'information. "La lutte contre les fake news nécessite des pratiques rigoureuses pour la vérification des faits", a-t-il dit. Data Journaliste, Paul-Joël Kamtchang est allé dans le même sens e, citant l’exemple de l’ancien président Donald Trump maître dans l’art de manipuler la presse.
Très présents sur les réseaux sociaux, les jeunes sont vulnérables aux fake news. Spécialiste de l’éducation aux médias et à l'information, Blaise Pascal Andzongo est intervenu sur la responsabilité des jeunes dans la prolifération des fake-news. "La responsabilité, c'est la prise de conscience de ces actes et des conséquences de celles-ci. Et on constate que la compréhension de cette notion n'est pas la même selon qu'on se trouve dans l'espace public ou l'espace numérique. Sur Internet, l'absence de sanctions entraîne une certaine inconscience", a-t-il déploré. "Il faut savoir que sur les réseaux sociaux, les jeunes sont leur propre parent. Du coup, ils n'ont pas le temps de construire cet esprit critique qui voudrait que lorsqu'on est en face d’une information, qu'on prenne le temps de l'analyser, avant de la diffuser ou de la proposer une autre personne", a-t-il souligné en proposant comme moyen de lutte, la sensibilisation et le développement de l'esprit critique chez les plus jeunes.
Une recommandation qui n'est pas tombée dans l'oreille des sourds en témoigne la présence des nombreux élèves du lycée Fustel de Coulanges. "Cette conférence m'a permis de compléter mes connaissances sur ce phénomène que nous avons étudié dans le cadre de nos cours de géopolitique. Ce qui m'a le plus intéressé, ce sont les conséquences des fake-news sur le métier des journalistes. Ce sont eux les secondes victimes des fake-news. La première victime c'est la population. Ils sont au cœur de l'information. C'est par eux que passe l'information principalement. Pour vérifier nos sources, nous allons sur des chaînes officielles comme France Inter Africa news, Africa 24. Aujourd'hui avec les fake news, c'est devenu compliqué", a réagi Opaline Bonneau, élève en classe de première au lycée français de Yaoundé.
Elsa Kane Njiale