Veuves, concubines ou divorcées, elles ne savent pas toujours quelles procédures engagées pour se protéger des abus.
« Quand mon mari est décédé, mes belles-sœurs m’ont soumises aux rites de veuvage. Les biens qu’il a laissés notamment une cacaoyère et un champ dans son village ont été arrachés par ses frères. Même lors les formalités pour la pension de réversion, ils m’en ont fait voir de toutes les couleurs. C’est au bout de trois longues années et d’un dur combat que j’ai pu toucher sa pension et améliorer un peu le cadre de vie des mes enfants », raconte Mme Motomo, le visage fermé au souvenir de toutes les brimades subies alors qu’elle portait le deuil de son époux.
Cette triste réalité met en évidence la vulnérabilité dans laquelle se trouve les femmes lorsqu’elles sont confrontées à des problèmes d’ordre judiciaire. Mal ou peu informées sur les droits, les femmes, notamment celles de la tranche de 40-50 ans ne savent souvent pas quelles procédures suivre en fonction de leur situation. « C’est une situation dangereuse parce qu’elle conduit à des abus de toutes sortes et les laisse les femmes dans une détresse inimaginable », s’alarme Aleine Djessi Ndine, juriste et présidente de l’Association camerounaise des femmes juristes (Acafej). Forte de son expérience sur ces questions, elle présente une typologie des problèmes judiciaires auxquels peu de femmes arrivent à faire face.
« Les femmes que nous recevons à l’Acafej sont confrontées aux conflits conjugaux, aux violences domestiques perpétrés par l’époux, le compagnon et même un membre de la famille ou de la belle-famille. Comment faire pour qu’un mari violent réponde de ses actes devant la justice ? Comment contraindre un conjoint irresponsable à payer la pension alimentaire des enfants ? Voilà des difficultés », énumère la juriste en soulignant pour le regretter que les problèmes de successions sont également très courant. « A la mort de son époux, une veuve est expulsée du domicile conjugale sans raison. Il existe des cas où la belle-famille refuse de procéder aux formalités nécessaires à l’établissement du jugement d’hérédité », dénonce les juristes.
Au #Gabon, 47% des #veuves sont victimes de maltraitance et spoliation.— Fondation SBO (@FondationSBO) 23 juin 2017
Seulement 21% rentrent dans leurs #droits. #IWD2017#JIV2017https://t.co/uUbKQhV5sO
Dans ce combat opposant une femme éplorée à des personnes sans compassion, les enfants sont des victimes innocentes d’un situation qu’ils n’ont pas voulu. Mme Metomo se souvient avec douleur des conséquences de son veuvage sur la scolarité et la santé de ses enfants. « La deuxième année de la mort de mon mari, les enfants ont suivi une scolarité en dent de scie. Ils étaient tout le temps chassés de l’école à cause de la scolarité à payer », dit la présidente de l'Acafej.
Quelles solutions donc face à ce que les juristes comparent à une autre forme de mutilation faites aux femmes ? « Les mouvements associatifs jouent un rôle important parce qu’à l’Acafej notre mission va au-delà du rôle du simple juriste. Lorsque femme vient nous voir ou lorsque nous allons vers elles, la première chose à faire c’est de l’écouter, la conseiller et l’orienter. Nous l’aidons dans toutes ses démarches (rédactions des actes de justice). La plupart sont dans une grande précarité économique et il faut payer les frais de justices, les frais extrajudiciaires, et la saisine des autorités », révèle Aleine Djessi Ndine. Entre 2002 et 2016, 5038 femmes ont pu ainsi retrouver le goût de vivre. « Nul ne doit ignorer la loi », affirme les juristes. Les femmes doivent être curieuse et s’informer de leurs droits, ne pas abdiquer face à la pression des proches et même des personnes corrompus.
Elsa Kane