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Cinéma « A peine j’ouvre les yeux », une ode à la liberté

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 Projeté à Yaoundé le 30 novembre  2016 et le 29 novembre 2017, le premier long métrage de Leyla Bouzid raconte les prémices du printemps arabe à travers le portrait bouleversant d’une adolescente tunisienne. 

Le film s’ouvre sur une image frappante. Des adolescents installés dans un Tgv près de la portière s’amusent à balancer leurs pieds dans le vide alors que le train file. Naïveté, provocation où simple envie de s’affirmer sans peur ? Toujours est-il qu’à cette scène,   le cinéphile comprend bien vite que la liberté sera le fil conducteur de ce long métrage. On bascule de plan pied dans la Tunisie des années 2010. Le contexte est celui de la pré-révolution arabe. Le président Ben Ali dirige encore le pays d’une main de fer. 

Mais un vent de liberté souffle sur Tunis. Surtout auprès des jeunes qui n’attendent pas vivre comme leurs aînés. Farah, 18 ans se laisse emporter par ce vent grisant. Peut-elle d’ailleurs y échapper ? En français, son prénom signifie joie. Alors que sa mère l’imagine médecin, Farah, (interprété par l’énergique  Baya Medhaffar) qui  vient d’avoir son bac avec mention rêve de musique. 

Le soir, elle fait le mur pour aller rejoindre son groupe de rock. Il y a Inès son amie du lycée mais surtout Borhène, le joueur d’oud du groupe a ravi son cœur.  Ensemble, ils écument des bars pour des concerts. Les textes sont des brûlots contre le pouvoir en place. La voix envoutante de Farah sait dénoncer  la souffrance du petit peuple. « A peine j’ouvre les yeux, je vois des gens éteints, leur sang est volé, leurs rêves délavés », chante-elle avec lyrisme pleurant sur la jeunesse qui : « s’exile traversant l’immensité de la mer en pèlerinage vers la mort ». 
 Hayet (interprété par la chanteuse tunisienne Ghalia Ben Ali) se reconnaît dans cette fougue et cette passion. Mais elle connaît aussi bien la société tunisienne encore patriarcale dans son fonctionnement et surtout les sbires du président prêt à tout pour lui plaire ; et cherche à protéger sa fille. Mais peut-on empêcher une hirondelle de déployer ses ailes ? Belle et rebelle,  Farah, n’entend pas les mises en garde. 

Un premier film chargé d’une bonne puissante émotionnelle. On en vient à se demander comment Leyla Bouzid a réussi à mettre autant de poésie, de lyrisme dans un sujet hautement politique et social. Le film est sincère jusqu’à dans sa configuration. La musique composée par l’artiste irakien Khyam Allami jouée en live met en valeur les textes poétiques de l’écrivain Tunisien Ghasse Amami.  

Avec ce long métrage, Leyla Bouzid, fille de Nouri Bouzid grande figure du cinéma tunisien connu pour « Bezness », « Hommes de cendres », parvient à imposer son prénom dès le premier coup d’essai. « A peine j’ouvre les yeux », montre l’image d’une Tunisie décomplexée où l’on boit de l’alcool, où la jeunesse aime la fête, les garçons et les filles se volent des baisers au clair de lune. Une Tunisie loin des clichées qu’on se fait des pays arabes. Le film dénonce aussi les méfaits de toute dictature : corruption, culte de la personnalité, etc.

Le film a été projeté au Cameroun dans le cadre de la 3èmeédition Semaine international du premier film en 2016 à Yaoundé (Yarha) qui a pour objectif d’offrir aux réalisateurs d’Afrique centrale, une plate-forme d’expression et d’apprentissage. « Le premier film d’un réalisateur à toujours une histoire particulière à raconter », affirme Sylvie Mwet, promotrice de Yarha.  Pour Jalel Snoussi, ambassadeur de Tunisie au Cameroun, « le cinéma est à l’image de sa composition structurelle, diversité dans l’unité, une véritable mosaïque de modes esthétiques et plastiques de représentation et de communication, chatouillant le sens, l’intelligence, l’instinct, les pesanteurs  et les contingences de la relation riche et conflictuel de l’humanité avec son environnement ».
 Elsa Kane Njiale
 Synopsis
 Genre : Drame
 Réalisation : Leyla Bouzid
Scénario : Leyla Bouzid
                 Marie-Sophie Chambon
Durée : 1h46mm
Sortie :2015




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