Bande Dessinée/Afrique
Bédéiste autodidacte et artiste pluridisciplinaire, la malgache de 25 ans séduit par ses croquis sur le vif et ses dessins de sensibilisation à l’écologie.
Ida Razafindrakoto vit au Cameroun depuis deux ans. En ce laps de temps, cette jeune femme aux capacités d’adaptation plutôt remarquables a réussi à s’intégrer dans la ville de Yaoundé. Venue pour des études en gouvernance, sa casquette d’artiste pluridisciplinaire, notamment de dessinatrice et bédéiste lui ont été d’une grande aide. Ida a laissé parler sa flamme pour aller à la rencontre d’autres passionnés du 9ème art. C’est d’ailleurs lors de l’unique festival dédié à cet art à Yaoundé, le Mboa BD que les journalistes ont découvert son talent. Du 6 au 30 avril 2018, la carnettiste aprésenté un carnet de voyage à l’Institut français. C’est une vingtaine de planches intitulées « Imaginarium à Yaoundé ».
Teint clair, yeux légèrement bridés, cheveux frisés qui rappellent ses liens avec la grande île, Ida est tombée enfant dans le dessin. « J’avais 10 ans et mes parents m’ont vraiment encouragé à m’exprimer », dit-elle reconnaissance envers ces pédagogues qui ont vite compris qu’au-delà de la passion, la petite Ida était douée. En l’absence d’une école d’art à Madagascar, la bédéiste réussit à maitriser les techniques de base du dessin, à affiner son style graphique en côtoyant des jeunes aussi actifs que elle. L’artiste peut se vanter d’avoir plusieurs cordes à son arc : coloriste, scénariste, digital painting, etc. Elle passe des mangas japonais au style réaliste et vous tire le portrait sans difficulté tout en ajoutant sa touche à elle: l’humour.
Environnement
Avec « Imaginarium » déjà présenté au Ghana, en Tunisie, en France, aux Etats-Unis et aux Comores, on découvre une autre de ces facettes, l’engagement artistique en faveur de l’environnement. L’exposition s’articule autour d’un carnet de voyage, d’exposition de dessins et de peinture et d’ateliers pour les jeunes et les enfants. Sur un dessin représentant la tête d’un homme au-dessus duquel pousse un arbre, Ida interpelle notre conscience citoyenne et promeut l’embellissement des espaces publics. « J’aimerais intéresser les populations aux enjeux autours des espaces verts et favoriser les échanges interculturelles », dit l’auteure de « J’ai déménagé à Yaoundé ».
A Yaoundé, la belle Mlle Razafindrakoto apporte un vent de nouveauté avec son style graphique proche du croquis et aussi en tant que femme. Au Cameroun en effet, les dessinatrices ne sont pas encore nombreuses à s’engager sur la voie de la professionnalisation. A peine 5 dessinatrices s’illustrent par leurs travaux (Joëlle Esso, Joëlle Ebongue epse Mandengue, Reine Dibussi, An Nina). Ida s’illustre aussi par sa volonté de travailler avec les enfants. A ce titre, elle animé un atelier en direction des enfants et des ados dans l ’optique de leur faire partager sa flamme.Un dynamisme qui lui a valu, le 2èmeprix du concours international de BD de la Francophonie en 2015.
Elsa Kane